Publié dans Dossier

Madagascar. Double nationalité - Histoire d’un néocolonialisme de mal affranchi(es)

Publié le dimanche, 02 juillet 2023


Des milliers de Malgaches possèdent la double nationalité, Malgache-Française, Malgache-Indienne, voire la triple nationalité. De nombreuses raisons peuvent motiver l’acquisition d’une deuxième nationalité.Pour beaucoup, c’est le côté « voyages » qui prime, facilité par le passeport français.
Ce qui est sûr, c’est que, pour le moment, la loi française n'exige pas qu'un Français ayant acquis une autre nationalité renonce à la nationalité française. Par exemple : un Britannique ayant acquis la nationalité française conserve sa nationalité britannique. Et un Français ayant acquis la nationalité britannique conserve sa nationalité française. Il devrait en être de même donc pour un Malagasy.
Pourquoi cette levée de voile ?
Depuis quelques semaines, il existe une polémique sur la double nationalité du Président de la République Andry Rajoelina. Des documents indiquant que le numéro un du pays aurait acquis la nationalité française, en 2014, ont été diffusés sur les réseaux sociaux il y a quelques jours.
En 2013, marquant la fin de la période de Transition, Andry Rajoelina est redevenu un simple citoyen. Il a demandé la nationalité française par naturalisation. C’est aussi simple que cela car, entre 2014 et 2018, Andry Rajoelina et sa famille ont bien vécu en France.
Mais il est dit que des créatures comme Fanirisoa Ernaivo, ayant pourtant suivi des cours de droit, existent et existeront toujours. Et seront toujours relayées par les médiaboliques français que sont « Le Monde », Rfi, France 24 et TV5. A quelques mois de l’élection présidentielle de 2023 à Madagascar, voilà que le 16 juin 2023, le parti MMM de Hajo Andrianainarivelo sort une fausse vérité qui va entrainer toute une série d’interprétations comme pas possible, pour tenter d’empêcher l’actuel Président de Madagascar de se présenter à cette élection.
Il est écrit dans ce communiqué du MMM du 16 juin 2023 « Ny MMM dia manaja ny fahafahan’ny tsirairay hisafidy ny zom-pireneny, saingy ny asan’ny Filohampirenena dia natao ho an’ny mizakazom-pirenena malagasy irery ihany ». Traduction : Le MMM respecte la liberté de tout un chacun de choisir sa nationalité, mais le poste de Président de la République n’est réservé qu’aux candidats qui n’ont que la nationalité malagasy Uniquement.
Faux, archi-faux !  L’article 46 de la Constitution de la IVe République, accepté par référendum le 11 décembre 2010, indique sans aucune interprétation que :
Chapitre premier. Du Président de la République.
Article 46.
Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malagasy, jouir de ses droits civils et politiques, avoir au moins trente-cinq ans à la date de clôture du dépôt des candidatures, résider sur le territoire de la République de Madagascar depuis au moins six mois avant le jour de la date limite fixée pour le dépôt des candidatures.
Du coup, tous les esprits brillamment mats (voulant à tout prix casser du Rajoelina depuis des décennies !), se sont rabattus sur l’article 42 du code de la nationalité malagasy qui dit :
Art. 42 - Perd la nationalité malgache, le Malgache majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère.
Il faut préciser que cet article 42 a été rédigé par des législateurs français, inclus dans l’Ordonnance n° 60 - 064 du 22 juillet 1960 portant Code de la nationalité malagasy, au lendemain du retour de l’Indépendance de Madagascar. Il y a certainement une louche raison -que j’éviterais d’interpréter- à l’instar de l’article 1 du Décret n° 60-555 du 1er avril 1960 concernant les îles dépendant alors de Madagascar, signé par le Général de Gaulle…Article 1. Les îles Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India sont placées sous l'autorité du ministre chargé des départements d'outre-mer et des territoires d'outre-mer.
Et tous les « opposants » ont jubilé ! Car, pour eux, dans leur esprit obtus guidé par la haine et la jalousie, Andry Rajoelina ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de cette année 2023. Et même Fanirisoa Ernaivo (un cas très… particulier, qui se taira lorsqu’elle aura la nationalité française tant espérée…) en a oublié la hiérarchie des normes, théorisée par le juriste austro-américain Hans Kelsen (1881-1973). A croire que ces gueulards se prétendant magistrats, avocats et tralalala, n’ont pas appris cela. Leçon :

C'est quoi la primauté de la Constitution ?
Dans la hiérarchie des normes telle qu'établie par Hans Kelsen, la Constitution est la norme suprême.
Qu'est-ce qui est au-dessus de la Constitution ?
La suprématie de la Constitution est effective quand il existe un contrôle de constitutionnalité. Dans certains pays, tout tribunal peut procéder à un tel contrôle, tandis que d'autres confient cette fonction à une juridiction spécialisée, qui a rang de cour constitutionnelle.

Quel est le rapport entre l'État et la Constitution ?
La Constitution organise les pouvoirs publics composant l'État en séparant le législatif, l'exécutif et le judiciaire afin de permettre l'équilibre des trois différents pouvoirs.

Une constitution n'est pas une loi comme les autres : c'est la « loi des lois ».
Une fois adoptée, elle peut être modifiée seulement en respectant les conditions mentionnées dans son propre texte. Ce mécanisme s'appelle une « formule d'amendement » et la différencie de toutes les autres lois.

A Madagascar, il existe -pour les amnésiques- la HCC (Haute Cour constitutionnelle). Et elle ne va pas tarder à se manifester, comme c’est écrit plus haut. A votre avis, qu’elle sera sa décision concernant cette histoire de double nationalité ? Attendre et voir.

Le cas de la double nationalité du Président Andry Rajoelina n’est pas isolé sur le continent africain. Ces créatures citées pêchent par omission. Je ne prendrai que deux exemples, d’un pays anglophone, évidemment : le Liberia.

Il y a eu Ellen Johnson Sirleaf. Prix Nobel de la Paix en 2011. Elle aura été la première femme élue Présidente de la République en Afrique. Elle a dirigé le Libéria de 2006 à 2018, tout en possédant également la nationalité américaine.

La personne qui a succédé à Ellen Johnson Sirleaf, est George Weah, Président de la République du Liberia, depuis le 22 janvier 2018 (élu le 26 décembre 2017). Ancien footballeur de l’AS Monaco (1988-1992) et du PSG (1992-1995), il possède la double nationalité libérienne et française. Son fils, lui, joue pour la sélection nationale de football des Etats-Unis, avec laquelle cet attaquant du LOSC FC a d’ailleurs joué la dernière Coupe du monde de football au Qatar. Certes, des critiques existent face à cette situation mais pas de manière aveugle et aveuglée comme à Madagascar.

Si j’élargis cette notion de double voire de multiple nationalité, il y a le cas de Nelson Mandela, issu du peuple Xosa (et non zoulou comme on pourrait le croire), l’homme qui a abattu le régime raciste de l’Apartheid en Afrique du Sud. Bien que cela ait été à titre honorifique, saviez-vous que Madiba était citoyen, à part entière, des pays suivants, à partir de l’année entre parenthèses ? Italie (1982) ; Grèce (1983) ; Brésil (1985), Canada (2001. Il n’avait nul besoin de visa pour s’y rendre.

Enfin, il faut dire que pour nombre d’Africains, incluant les Malagasy, « la recherche d’une nationalité occidentale s’apparente à un saint Graal ».En effet, c’est l’occasion pour ceux qui en détiennent une de profiter des avantages que n’offrent pas la détention de nationalités africaines. Les dirigeants possédant une nationalité occidentale bénéficient donc d’avantages qui relèvent essentiellement de leur confort personnel… » (in « Revue politique africaine 2020 », page 3)

Alors ? Ben, circulez, y’a rien à voir ! La célébration du 26 juin 2023 dans tout Madagascar a prouvé que ce ne sera jamais Facebook, avec sa cohorte de lâches anonymes, qui reflètera les réalités vraies existant dans la Grande île de l’océan Indien. En tout cas, certaines personnes de l’entourage proche du Président Rajoelina ont tout intérêt à se cultiver au lieu de montrer et démontrer, au fil du temps, que seuls le poste et les avantages qui y sont liés les intéressent. C'est, hélas, ce non-professionnalisme qui les pousse à faire un zèle vraiment douteux et dangereusement approximatif à la longue, pour l'image même du Président Rajoelina.

Enfin, lorsque le pouvoir français va durcir l’acquisition de la nationalité française, il faudra remercier toute cette clique qui est (haïe) et parait mais sans aucun devenir. C’est ma trilogie de l’Etre, Paraitre sans Devenir. Heu, moi ? Je n’ai qu’une nationalité, malagasy, même si ma grand-mère maternelle était Française par décret et que mon père, gérontologue, était officier dans l’armée française. Le plus marrant, est que, lorsque j’ai besoin d’un acte de naissance, j’écris au service de l’Etat-civil à Nantes, France. Acte que je dois récupérer à l’ambassade de France, ici à Antananarivo. Cela, sans être citoyen français.

C’est fou, non ? En tout cas, tout ce ramassis « d’opposants » et de « je-sais-tout sans vraiment rien savoir » réagissent comme des affranchis qui ignorent ce que ce mot même signifie.

Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY





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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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